Stratégies pour la gestion de classe

salle de classe sans élèves

Stratégies pour la gestion de classe

La gestion de classe est un sujet compliqué, il faut bien l’avouer. Autant le dire tout de suite, il n’y a pas de recette miracle. Tout au long de ma carrière, j’ai pu tester chaque année scolaire, des trucs et astuces que j’ai trouvés moi-même ou que j’ai repris de l’expérience de mes collègues. En fait, chaque enseignant va trouver des solutions qui lui conviennent personnellement. Cependant, je vais vous indiquer dans cet article, des « bons plans » qui ont fait leurs preuves en matière de gestion de classe. Le jeune enseignant que vous êtes se pose mille questions. Essayons de donner des réponses concrètes à quelques-unes d’entre elles. Encore une fois, mes conseils proviennent de mon expérience, ce que je dis ici n’engage que moi… mais vous pouvez me faire confiance pour ces quelques idées sur les stratégies pour la gestion de classe !

Que désigne l’expression gestion de classe exactement ?

Allons droit au but. La gestion de classe renvoie à votre capacité à avoir le contrôle sur le groupe-classe, sur son comportement. Je précise tout de suite, avoir le contrôle ne veut pas dire dominer ou écraser. Il s’agit de savoir et pouvoir diriger une classe dans ses activités, sans qu’il n’y ait de débordements. Une bonne gestion de classe permet aux élèves de travailler sereinement, guidés par les directives (bienveillantes) de l’enseignant. Cela suppose de mettre en place des stratégies et des techniques dans ce but. Pour les apprentissages, il y aura bien sûr, des stratégies spécifiques associées.

Selon moi, l’une des premières compétences à avoir lorsqu’on débute le métier d’enseignant c’est d’avoir cette fameuse capacité à gérer une classe. C’est-à-dire que vous allez faire en sorte que l’ensemble des élèves (ou presque) acceptent de se mettre volontiers au travail. Ce n’est pas si simple cette affaire ! Et tout ne repose pas sur la pédagogie !

Il ne faut pas s’attendre forcément à un enthousiasme débordant de la part des collégiens, faut pas exagérer. Les élèves ne sont pas toujours motivés. Mais, il faut « assurer » pour qu’il n’y ait pas d’objection, de manifestation de rejet ou carrément dans certains cas de refus de se mettre au travail. Dans certains établissements dits “difficiles”, c’est un challenge compliqué à relever.

Vous comprenez bien que c’est un défi de tous les jours, si j’osais je dirais, de toutes les heures… . 

Rien n’est définitivement gagné en matière de gestion de classe puisqu’il faut composer avec le profil des élèves, l’humeur de la classe, etc. mais des stratégies incontournables de gestion de classe existent.

Quelle attitude adopter pour bien gérer sa classe ?

Tout le monde comprend bien que la gestion de classe  est étroitement liée à la discipline. Plus vous saurez faire régner l’ordre (ça fait un peu militaire…) plus les élèves vous en seront reconnaissants. Pourquoi ? Parce qu’ils ont besoin d’un cadre et veulent ce cadre ! Selon moi, il faut se montrer déterminé (et être convaincu) à vouloir fixer les bornes à ne pas dépasser. Comment faire ?

L’entrée en classe, point de départ d’une bonne gestion de classe

Si vous enseignez au collège, vous savez que les collégiens sont quelque peu « agités ». Ils parlent fort, se bousculent, se tirent en arrière en accrochant les cartables-sacs à dos… . Quelques comportements bruyants concourent à exciter toute une classe dès le début du cours.

Pour calmer tout ce petit monde, vous allez vous positionner à l’entrée de la salle de classe, porte ouverte. Les élèves vont se ranger plus ou moins bien le long du mur de la salle. Vous leur demandez si besoin de se taire et d’attendre, rangés. Si vous passez à côté des rangs ainsi constitués, « façon passage en revue des troupes » (décidément vocabulaire militaire, encore !), le calme se fait naturellement.

Vous revenez vers la porte et vous vous placez dans l’encadrement. En ce qui me concerne, je prends de la place dans l’embrasure, de telle sorte que les élèves entrent un par un et lentement. Je repère les plus énervés et m’autorise à poser la main sur leur sac. Je leur fais remarquer qu’il est temps d’être calme. Ce petit rappel à l’ordre personnalisé suffit en général à obtenir une entrée sereine. Mais ce rituel d’entrée n’est pas terminé ! 

Les élèves restent debout quelques secondes

Vous demandez au groupe de rester debout à côté de leur table et une fois le silence obtenu vous dites aux élèves de s’asseoir. Cette habitude est facile à comprendre pour les élèves.

Je leur dis que c’est un moment calme pour se dire bonjour, une façon de se saluer mutuellement. J’ajoute que ces quelques secondes d’attente sont nécessaires et qu’elles préparent le début du cours. Même si ce rituel n’est pas instauré par les autres professeurs, vous pouvez le mettre en place. Les élèves s’adaptent à vos propres règles. Il ne faut pas qu’elles soient extravagantes quand même… . Ces rituels d’entrée en classe font partie des habitudes à mettre en place pour instaurer une relation de qualité avec vos classes.

Première étape pour une bonne gestion de classe ?

La mémorisation rapide des prénoms

Mémoriser les prénoms très tôt vous permet d’asseoir plus vite votre autorité

Au début de l’année, lorsqu’on a trente élèves devant soi, difficile d’intervenir (pour donner la parole ou « recadrer ») sans connaître les prénoms. Une fois que l’on met des prénoms sur les visages, tout est plus simple !

Mon conseil est de mémoriser (dès les premiers jours) quelques prénoms à chaque heure de cours, deux ou trois si possible. Mon dispositif pour y parvenir repose sur un plan de salle que je façonne grossièrement à la main pendant que le groupe est occupé à écrire. Ensuite, je fais circuler ce plan vierge dans les rangs et demande à chaque élève de noter son nom et son prénom. Ils doivent ensuite systématiquement s’asseoir à la même table aux cours suivants. Je leur dis tout simplement que cela me facilite la tâche pour savoir comment ils s’appellent.

Bon, je dois mettre un bémol tout de suite à propos de ce système : il faudra faire un plan pour chaque salle ! Une année, j’avais sept salles différentes dans la semaine… Imaginez la galère ! Il faut utiliser sa mémoire visuelle dans ces cas-là !

Ce petit dispositif pour la mémorisation des prénoms a son importance. Plus tôt vous associez une identité à un visage, plus tôt vous vous sentez à l’aise. Plus tard, la démarche de vouloir en savoir un peu plus sur chacun vous aidera énormément pour l’adhésion du groupe à vos activités.

Pourquoi connaître très vite les prénoms est bon pour la gestion de classe ?

Vous allez appeler les élèves nominativement : 

  • Vous pourrez interroger l’élève qui lève la main par son prénom. Il s’implique et s’applique davantage dans sa réponse.
  • Vous interpellerez nominativement un élève qui bavarde, gesticule, ne se met pas au travail, etc. C’est plus efficace que de demander le calme au groupe entier.

Connaître les noms et les prénoms rapidement au début de l’année rassure. La classe n’est plus un groupe indistinct. Une fois que le plan de classe revient rempli au bureau, je l’étudie quand le groupe est à l’écrit. J’apprends les prénoms du premier rang ou j’entame la première colonne en essayant de mémoriser les visages. Certains élèves sentent qu’ils sont observés… ils s’interrogent, font une drôle de tête en voyant que vous les regardez avec insistance, c’est marrant parfois.

Deuxième étape : un programme précis pour chaque heure de cours

Pour limiter le bruit, les bavardages dès le début du cours, on a vu que le rituel de l’entrée en classe est important. N’y renoncez pas, même quand certains élèves montrent des signes d’impatience. Ils sont parfois pressés de s’asseoir !

La routine suivante, très importante, est d’annoncer ce qui va être fait dans l’heure. Personnellement, je note en haut à gauche du tableau l’activité du jour.

Par exemple, travail sur les dialogues dans la scène 3 de la pièce de théâtre (dont l’étude est en cours). Aujourd’hui nous allons travailler sur la scène 3, extrait dans le manuel page tant, etc. On annonce le support sur lequel on va travailler. 

Ensuite, il est impératif de formuler les objectifs. Par exemple, on va  étudier comment s’articule un dialogue de théâtre. La classe va s’interroger pour comprendre quels sont les enjeux des dialogues et leur fonctionnement… (scène de dispute, de réconciliation, première rencontre, etc.).

J’aurais pu donner un exemple dans une autre matière, bien sûr, mais j’officie en français… .

Puis, je note le découpage de l’heure, en précisant  en même temps à l’oral, « l’heure va se décomposer en 3 étapes » :

  1. Lecture d’un document / observation / clarification du sens / hypothèses
  2. Explication de la notion et leçon
  3. Exercices

Les élèves sont ainsi préparés à ce qui les attend. Ils se projettent dès le début de l’heure dans le travail prévu par l’enseignant. Il n’y a pas d’improvisation. Prenez le temps d’écrire au tableau. Assurez-vous que c’est clair pour tout le monde.

Astuce pour capter l’attention et avoir le silence avant de commencer : demander à un élève de faire un rappel sur ce qui a été fait l’heure précédente. Compléter sa réponse si besoin vous même, ou interrogez un autre élève. 

Troisième étape : mise au travail rapide

La mise au travail de l’ensemble des élèves va se produire si vous donnez des consignes très claires. Réfléchissez en amont aux mots que vous allez choisir. Ils doivent être simples.

Astuce pour l’énoncé des consignes : utiliser des verbes à l’impératif, des verbes d’action qui désignent ce qu’il faut faire. Par exemple : Lisez deux fois le document, surlignez le vocabulaire, relevez les données dans le tableau n°1, notez les réponses dans le cahier d’exercices, etc.

Cela peut sembler évident, mais rappelez-vous que vous avez une trentaine d’élèves devant vous. Ce que vous demandez ne coule pas de source pour tout le monde. Plus vous êtes précis, moins vous aurez à reformuler. D’ailleurs, si votre classe vous demande de répéter ou de réexpliquer plusieurs fois, ce n’est pas bon signe. La consigne est sûrement trop complexe. 

Lorsque le groupe a compris ce qu’il doit faire et se met au travail, taisez-vous !

Le conseil est brutal ?

Oui. Mais c’est pour votre bien.

Je me souviens que dans les premiers temps en classe, je parlais, parlais… . Je me souviens m’être dit que je me saoulais moi-même… . J’avais la voix très fatiguée le soir. Pourquoi je parlais autant ?

Je pense que j’avais l’impression de mieux accompagner les élèves en reformulant, en conseillant, en répondant aux questions, etc.

Or, il faut se taire pour plusieurs raisons :

Le groupe doit se concentrer pour travailler. Entendre quelqu’un parler sans cesse ne favorise pas la concentration.

Le son de votre voix va devenir un ronron, un fond sonore et les élèves ne vous écouteront plus.

Vos interventions doivent être liées à une intention précise. Par exemple, vous allez donner une consigne ou une explication. Vous allez faire la correction orale d’un exercice ou lire à la classe le contenu d’un document.

Autres conseils pour favoriser une bonne gestion de classe

Dans la dernière partie de cet article, je vous donne encore quelques conseils qui concernent les bonnes habitudes à prendre pour parvenir à une bonne gestion de classe.

La Façon de s’exprimer et tonalité de la voix

Vous vous demandez sans doute quel ton adopter pour parler à la classe. Je dirais que pour être à l’aise, il faut parler normalement. Parlez le plus naturellement possible. Si vous êtes trop autoritaire ou trop cool, ça sonne faux. Les élèves le ressentent immédiatement. De plus, si vous utilisez une façon de parler qui ne vous ressemble pas, vous ne tiendrez pas sur la durée. Une bonne gestion de classe passe par l’authenticité. En étant vous-même, vous établissez une relation simple et directe avec vos élèves. Vous obtenez leur confiance sans problème.

L’Occupation de l’espace en classe

Lorsqu’on débute, on n’ose pas forcément circuler dans la classe. À mes débuts, je restais souvent au tableau. La distance physique entre le groupe et moi était rassurante. Je n’osais pas me rapprocher des élèves. Parfois la configuration de la salle ne favorisait pas les déplacements. Les tables étaient très rapprochées, il y avait peu d’espace entre les rangs. Cela m’arrangeait, de rester à mon poste.

Aujourd’hui, je vous recommande de circuler dans les rangs dès que vous vous sentez à l’aise pour le faire. C’est peut-être intimidant dans les premiers temps d’exercice, et c’est normal. Choisissez de vous rapprocher des élèves lorsque ces derniers sont occupés à l’écrit. Vous observez de près leur production et en apprenez beaucoup sur leur façon de travailler.

les Encouragements et les félicitations

Dernier petit conseil : encouragez et félicitez régulièrement vos élèves !

Pour garantir une implication durable des élèves dans les activités que vous proposez, il ne faut pas hésiter à les motiver. Soulignez leur engagement et dites tout simplement que vous êtes satisfait de leur attitude studieuse. À la fin d’une séance qui s’est bien déroulée, félicitez tout le monde pour le travail accompli. Cette habitude très simple peut littéralement changer l’ambiance… en mieux !

Les élèves aiment les rituels, ils les rassurent. Les routines déterminent un cadre qui permet à tout le groupe de se mettre au travail. En arrivant dans votre cours, chacun sait à l’avance comment cela va se passer (dans les grandes lignes). Plus tôt vous mettez en place des « règles et des habitudes de fonctionnement », plus tôt les choses fonctionnent sans que vous ayez à intervenir et à revoir vos stratégies de gestion de classe.

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