Quelle Relation Instaurer avec Ses Classes ?

instaurer une relation avec ses à sa classe

Quelle Relation Instaurer avec Ses Classes ?

Lorsque l’on débute en tant qu’enseignant, on se pose pas mal de questions concernant la relation qui doit / va exister avec nos classes. Difficile de dire ce qu’il faut mettre en place, ce qui est recommandé, ce qui fonctionne, etc. Votre personnalité va nécessairement donner une couleur particulière aux échanges et à l’atmosphère qui régnera dans vos cours. Toutefois, mon expérience auprès de collégiens et de lycéens pendant un très grand nombre d’années me permet, je crois, de vous donner quelques conseils pour instaurer une bonne relation avec vos classes.

Adopter une attitude bienveillante mais pas laxiste

Depuis un certain nombre d’années le mot bienveillance est le maître mot qui circule dans toutes les écoles, du premier degré au second degré. On nous demande en tant que professeur, de faire preuve de bienveillance à l’égard de nos élèves. Si ce mot signifie être indulgent envers les difficultés scolaires, les prendre en compte dans notre façon d’enseigner, c’est entendu. Nous devons faire preuve de compréhension, d’empathie et ne pas enseigner de manière froide et distante. Cela paraît évident si l’on veut instaurer un climat de confiance avec la classe.

Mais attention, le piège serait de confondre bienveillance et laxisme. Hélas, à trop faire preuve de compréhension, on peut vite tomber dans une forme de permissivité. L’écueil est de revoir petit à petit nos exigences à la baisse et de contribuer à l’amoindrissement du niveau de compétences de la classe.

L’une des difficultés que rencontre l’enseignant (débutant ou non) est de maintenir ses exigences vis-à-vis du groupe, en termes de travail et de comportement, sur le long terme. La motivation des élèves n’est pas constante. La difficulté des notions abordées est variable elle aussi. La période de l’année influe également sur l’investissement de la classe. 

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Un tas de facteurs va interférer dans la mise au travail des élèves et exiger du professeur qu’il relance la locomotive de la motivation. Vous allez devoir vous montrer ferme quant aux efforts à fournir. Même si cela paraît évident, vous allez devoir sans cessse rappeler à vos élèves qu’ils sont à l’école pour apprendre et qu’on a rien sans rien. Le goût de l’effort fait partie de l’apprentissage et ne s’apprend pas nécessairement dans la douleur !

Une classe turbulente, une heure de cours mal placée dans l’emploi du temps, du retard dans la progression que l’on s’est fixée sont autant de raisons pour baisser la garde. On peut vite se laisser aller à une attitude laxiste. C’est regrettable mais humain. Le principal est de s’en rendre compte et de redresser la barre assez vite.

Ce n’est pas facile, vous allez devoir trouver un juste milieu entre l’intransigeance et l’excès de bienveillance.

Accepter d’être scruté et jugé pour une meilleure relation avec ses classes

Parlons maintenant de toutes ces paires d’yeux qui se posent sur vous en permanence. Ce n’est pas toujours évident au début, il faut s’y habituer.

Le regard des élèves peut être intimidant lorsqu’on débute en tant qu’enseignant. Vous allez être face à un public qui vous regarde, cela va de soi. Certains élèves vous fixent droit dans les yeux, d’autres regardent le tableau, d’autres encore vous scrutent des pieds à la tête. Ne soyez pas gêné et dites vous qu’au moment où ils vous regardent, ils ne vous jugent pas spécialement. Certains vous écoutent, d’autres sont à mille lieues de votre discours… . 

Pour vous en convaincre, remémorez-vous votre propre attitude en classe et ce que vous pensiez des profs. Personnellement, je crois me souvenir que je me fichais pas mal de leur façon de s’habiller, de ce qu’ils pouvaient penser, ou de ce qu’ils pouvaient faire pendant leur week-end. 

Je m’efforçais de suivre le cours et de paraître transparente pour ne pas me faire remarquer. Vous verrez que la majeure partie de la classe “ne vous veut pas de mal “ et ne se montre pas hostile. Il y aura bien quelquefois une ou deux remarques désobligeantes qui viseront à vous déstabiliser. Remettez gentiment et fermement l’élève à sa place et ne focalisez pas sur cette attitude désagréable. 

Porter la même attention à tous les élèves

Tous les élèves ont besoin à un moment ou un autre de sentir que vous vous intéressez à eux. J’ai souvent fait face à des effectifs chargés, surtout au lycée. C’est compliqué lorsqu’on a une classe de 36 élèves d’accorder du temps à chacun d’entre eux. Parfois, il se passait des semaines avant que je puisse me faire une idée du profil des uns et des autres. 

J’en profite pour vous suggérer de faire attention aux élèves très discrets. Ils n’interviennent jamais pendant le cours. Leur calme et leur discrétion pourraient induire qu’ils sont studieux et suivent parfaitement. Or, ce n’est pas toujours le cas, certains sont complètement noyés et n’osent tout simplement pas demander de l’aide ou des explications supplémentaires. 

J’ai souvent pris connaissance des difficultés ou au contraire des facilités d’un élève au cours du premier conseil de classe ! Et pourtant, j’enseigne dans une matière qui me permet de voir la classe entre trois et quatre fois par semaine ! Avec un peu de recul, je pense que j’étais trop obnubilée par l’idée de dispenser absolument Le cours que j’avais préparé.

Soyez vigilant en ce qui concerne vos remarques. Essayez de ne jamais être ironique ni vexant, les adolescents se formalisent très vite. N’interrogez pas systématiquement les élèves présents à l’oral. Poussez les autres à participer, même si la classe est extrêmement passive (ça arrive !). 

Écouter les remarques et être ouvert au dialogue

Certaines classes ne vont pas spécialement chercher à discuter avec vous. D’autres au contraire vont vouloir discuter, parlementer ou négocier. Il arrive que des élèves vous disent qu’ils n’aiment pas telle activité, que vous parlez trop vite, qu’il y a trop de travail à faire à la maison, qu’ils ne sont pas prêts pour la prochaine interro, etc. D’une classe à l’autre, les retours ne sont pas les mêmes. C’est fréquent et assez déstabilisant parfois. On ne sait pas forcément pourquoi.

Mon conseil est de ne pas vous braquer même si vous pouvez vous sentir agacé par leurs remarques. Vous allez devoir faire preuve de psychologie. Vous devrez accepter que leurs doléances soient justifiées parfois. Il faudra les comprendre. En vous montrant à l’écoute vous désamorcez des tensions et dédramatisez certaines situations. Ce point est très important. Mais attention, ne vous laissez pas marcher sur les pieds non plus ! 

Je pense par exemple à la date que l’on fixe pour les évaluations. Beaucoup de collègues se fichent de savoir si la classe sera en évaluation dans d’autres matières le jour J. C’est regrettable pour les élèves qui “montent en pression”. Ils ont horreur d’avoir plusieurs contrôles le même jour. Ils pensent qu’ils vont moins bien réussir. Il faut dire que beaucoup d’élèves font leurs révisions au dernier moment et se trouvent débordés la veille des évaluations ! En ce qui me concerne, j’ai toujours fait en sorte de répondre positivement lorsqu’ils me demandaient de décaler la date du contrôle. Cela ne change pas grand-chose, mais ils apprécient la prise en compte de leur demande

Un petit truc que j’ai expérimenté et qui détend tout le monde au début de l’heure est de leur demander comment ils vont et d’écouter pendant quelques instants leurs réponses. Certains vous diront qu’ils vont super bien, d’autres qu’ils sont fatigués ou qu’ils en ont marre du collège. Ne cherchez pas à les convaincre du contraire, mais dites plutôt que vous pouvez comprendre. Si la classe est difficile, enchaînez après votre bonjour, ne les laissez pas s’étendre sur leurs états d’âme. Ce serait la porte ouverte à des discussions interminables… .

Instaurer la notion de respect

Le respect est très souvent évoqué par les élèves. Ils y sont très sensibles et savent parfaitement de quoi il est question.

La notion de respect va reposer sur votre capacité à manifester de la considération pour vos élèves. Cette considération (pour eux) vous apportera en retour l’estime de vos classes (pour le professeur et pour votre enseignement). Cela se traduit par les marques d’attention que vous manifestez au quotidien au groupe-classe, par le travail que vous fournissez pour créer les activités, par le souci que vous avez que telle ou telle notion soit bien comprise, etc. 

Le respect s’instaure grâce à cette multitude d’égards pour les élèves. Ces petites attentions montrent votre implication pour la réussite de la classe.

Il ne s’agit pas de vous faire aimer absolument, mais de faire apprécier le contenu de vos cours et votre approche. Les élèves comprennent vite que vous agissez dans leur intérêt et vous le rendent tout naturellement en se mettant au travail de bon cœur. Il y a parfois des comportements réfractaires mais ils sont liés, hélas, bien des fois à des problématiques qui n’ont rien à voir avec l’enseignant. Le refus de travailler peut être la conséquence de problèmes sociaux, familiaux ou d’ordre scolaire plus général. 

Attention enfin à veiller à ce qu’une distance perdure entre vous, l’adulte, et vos élèves. Vous ne devez pas vous mettre à leur niveau et vouloir faire ami-ami. Vous perdriez toute crédibilité et vous feriez l’expérience de comportements déplacés.


Trouver un équilibre et instaurer une relation de qualité avec ses classes n’est pas facile. Il se peut que vous n’y parveniez pas dans les premiers temps. Sachez que ce n’est pas irréversible et qu’à force de réajustements, les choses s’arrangent. Il faut du temps pour prendre ses marques et comprendre comment fonctionne le public adolescent.

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